• "Dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu" : le Bâhiya Sutra

    "Dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu" : le Bâhiya SutraQu'est-ce que le dharma? C'est à cette question posée par un renonçant (arahant, dans le texte) que le Bouddha Shakyamuni répond.

     

     

     

     

     

     

    BÂHIYA SUTTA

     (Sutra de Bâhiya, tiré de la corbeille des sutras (Sutta Pitaka), section Khuddaka Nikâya, chapitre Udâna - Ud.1,10)

     

    Ainsi ai-je entendu:

     

    En une occasion, le Fortuné [= le Bouddha] séjournait près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anathapindika. En cette occasion-là, Bahiya le vêtu d'écorces demeurait près de Soupparaka, sur les berges de l'océan, honoré, respecté, révéré, vénéré, glorifié, et il obtenait des robes, de la nourriture, des abris, des remèdes et provisions pour les malades. Alors, tandis que Bahiya le vêtu d'écorces était en isolement dans un endroit retiré, la réflexion suivante apparut dans son esprit : 'Je fais partie de ceux dans le monde qui sont des renonçants, ou qui sont engagés sur le chemin des renonçants.' 

    Alors un déva qui était un ancien parent de Bahiya le vêtu d'écorces, par compassion envers lui, désirant son bien, ayant connu avec son esprit la réflexion qui était apparue dans l'esprit de Bahiya le vêtu d'écorces, alla le voir et lui dit:

    — Bahiya, tu n'es ni un renonçant ni quelqu'un d'engagé sur le chemin des renonçants. Tu n'as pas une pratique qui ferait de toi un renonçant ou quelqu'un d'engagé sur le chemin des renonçants.

    — Alors qui maintenant dans le monde avec ses dévas est un renonçant ou quelqu'un d'engagé sur le chemin du renonçant?

    — Il y a dans un pays du nord une ville du nom de Savatthi. Là séjourne maintenant un Fortuné, un renonçant correctement et pleinement éveillé. Ce Fortuné, Bahiya, est vraiment un renonçant et professe un enseignement [menant à] l'état de renonçant.

    Alors Bahiya le vêtu d'écorces, motivé par ce déva, quitta Soupparaka sur le champ. Il se rendit près de Savatthi, dans le bois de Jéta, le parc d'Anathapindika, en ne s'arrêtant à chaque étape que pour une nuit. À ce moment-là, un grand nombre de moines marchaient [en kinhin] à ciel ouvert. Alors Bahiya le vêtu d'écorces alla voir ces moines et leur demanda:

    — Maîtres, où séjourne en ce moment le Fortuné, le renonçant correctement et pleinement éveillé? Je souhaite voir ce Fortuné, ce renonçant correctement et pleinement éveillé.

    "Dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu" : le Bâhiya Sutra— Le Fortuné est parti visiter une maison pour ses aumônes, Bahiya.

    Alors Bahiya le vêtu d'écorces, sortit précipitamment du bois de Jéta, entra dans Savatthi, et vit le Fortuné marchant dans Savatthi pour ses aumônes, serein, inspirant la confiance, d'apparence tranquille, l'esprit tranquille, doué de la discipline et  de la tranquillité les plus élevées, dans le contrôle de soi, vigilant, ayant l'apparence d'un éléphant. L'ayant vu, il alla le voir puis, ayant incliné sa tête aux pieds du Fortuné, il lui dit:

    — Maître Fortuné, enseignez-moi le Dharma. Enseignez-moi le Dharma, ô Sublime, pour mon bénéfice et mon bien-être pendant longtemps.

    Lorsque cela fut dit, le Fortuné dit à Bahiya le vêtu d'écorces.

    — Ce n'est pas le moment, Bahiya, je vais visiter une maison pour mes aumônes.

    Une deuxième fois, Bahiya le vêtu d'écorces dit au Fortuné:

    — Maître, il est difficile de savoir quand sera la fin de la vie du Fortuné et quand sera la fin de ma vie. Maître Fortuné, enseignez-moi le Dharma. Enseignez-moi le Dharma, ô Sublime, pour mon bénéfice et mon bien-être pendant longtemps.

    Une deuxième fois, le Fortuné dit à Bahiya le vêtu d'écorces :

    — Ce n'est pas le moment, Bahiya, je vais visiter une maison pour mes aumônes.      

    Une troisième fois, Bahiya le vêtu d'écorces dit au Fortuné :

    — Maître, il est difficile de savoir quand sera la fin de la vie du Fortuné et quand sera la fin de ma vie. Maître Fortuné, enseignez-moi le Dharma. Enseignez-moi le Dharma, ô Sublime, pour mon bénéfice et mon bien-être pendant longtemps.

    — Dans ce cas, Bahiya, tu devrais t'entraîner ainsi:

    Dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu;

    dans ce qui est entendu, il n'y aura que ce qui est entendu;

    dans ce qui est perçu, il n'y aura que ce qui est perçu;

    dans ce qui apparaîtra à la conscience, il n'y aura que ce qui apparaîtra à la conscience.

    Tu devrais t'entraîner ainsi, Bahiya: lorsque pour toi dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu; dans ce qui est entendu, il n'y aura que ce qui est entendu; dans ce qui est perçu, il n'y aura que ce qui est perçu; dans ce qui apparaîtra à la conscience, il n'y aura que ce qui apparaîtra à la conscience, alors il n'y aura pas de 'toi' par rapport à cela. Lorsqu'il n'y aura pas de 'toi' par rapport à cela, il n'y aura pas de 'toi' à cet endroit. Lorsqu'il n'y aura pas de 'toi' à cet endroit, il n'y aura pas de 'toi' ni ici, ni ailleurs ni entre les deux. Ceci est la fin du mal-être.

     

    Alors, grâce à cette brève exposition du Dharma par le Fortuné, l'esprit de Bahiya le vêtu d'écorces fut délivré des impuretés mentales par le non-attachement. Puis le Fortuné, ayant exhorté Bahiya le vêtu d'écorces au moyen de cette brève exhortation, s'en alla.

    Ensuite, peu de temps après le départ du Fortuné, une vache ayant un jeune veau le piétina et emporta sa vie.

    "Dans ce qui est vu, il n'y aura que ce qui est vu" : le Bâhiya SutraPlus tard, le Fortuné, ayant parcouru Savatthi pour ses aumônes de nourriture, après son repas, de retour de sa quête de nourriture, étant sorti de la ville avec un grand nombre de moines, vit que Bahiya le vêtu d'écorces était décédé. Ayant vu cela, il dit aux moines:

    — Prenez le corps de Bahiya le vêtu d'écorces, moines, déposez-le sur une litière, emportez-le, brûlez-le et construisez un mémorial (stoupa). Un compagnon dans la vie brahmique est décédé, moines.

    — Oui, Maître, répondirent les moines. Ils prirent le corps de Bahiya le vêtu d'écorces, le déposèrent sur une litière, l'emportèrent, le brûlèrent et construisirent un stupa, puis allèrent voir le Fortuné, lui rendirent hommage et s'assirent d'un côté. Une fois assis là, ces moines dirent au Fortuné:

    — Maître, le corps de Bahiya le vêtu d'écorces a été brûlé, et un mémorial a été construit. Quelle est sa destination, qu'est-il devenu ?

    — Moines, Bahiya le vêtu d'écorces était sage, il pratiquait l'enseignement au niveau des phénomènes et il ne m'a pas fait de difficultés avec des questionnements sur le Dharma. Moines, Bahiya le vêtu d'écorces a atteint l'Extinction complète.

    Alors, à ce moment-là, voyant le sens de cela, le Fortuné exclama cette exclamation:

     

    Là où ni eau ni terre,

    Ni feu ni air ne sont établis,

    Les étoiles ne luisent pas

    Le soleil ne rayonne pas,

    La lune ne brille pas

    Et il n'y a pas d'obscurité.

     

    Lorsqu'un sage brahmane a réalisé [cela]

    Pour lui-même au moyen de sa sagesse,

    Alors il est délivré de la Forme et du sans-Forme,

    Du bien-être et du mal-être.

     

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