• FUYO DOKAI: un homme de bois déambule dans le feu

    FUYO DOKAITels sont les derniers mots du poème de Fuyo Dokai, maître très respecté, rénovateur du Zen Sôtô, dans la lignée directe qui allait donner Dôgen. Découvrez ce maître extrêmement important et sa gen-maï à l'eau!

     

     

     

     

     

     

    Quand on dit 'Fuyo Dokai', même en ignorant tout de ce maître ou du siècle où il vécut, on pense aussitôt à la gen-maÏ qu'on mange le matin après zazen. L'histoire veut en effet qu'il rallongeait d'eau la soupe de riz, la gen-maï, quand le nombre de visiteurs augmentait. Car Fuyo Dokai, Fujung Tao k'ai en chinois, autrement dit Tao k'ai du mont Fujung, n'était pas du style à courir après les disciples ni les honneurs. La pureté de la Voie, la rigueur de la pratique, voilà tout ce qui comptait à ses yeux tant et si bien que des centaines de disciples se pressèrent autour de lui et qu'il redressa le zen sôtô déclinant. Nous sommes dans la chine des grands Song à la fin du XI° siècle, au début du XII°.

    Pourtant, il n'est pas si simple de trouver des renseignements sur ce très grand maître. Que ce soit dans les livres ou sur la toile, on dirait qu'il est comme transparent. L'homme s'est effacé derrière son gyoji. Pas de koan mémorable, aucune anecdote savoureuse: seulement gyoji, la pratique jour après jour. Comme dirait Dôgen, même les dieux eux-même ne le voyaient pas. 

    FUYO DOKAICe moine du silence, de la Voie, de gyoji, a tout de même laissé quelques koans, mais surtout un poème extraordinaire et par dessus tout le Gion Shogi.

    De ces règles pour les temples et la pratique, Deshimaru a dit: "Ce sont les authentiques règles du Sôtô Zen." Dogen répéta chaque jour la lecture du Gion Shogi et reçut des mains de son maître Nyojo le kesa de Fuyo Dokai qui se trouve toujours à Eihei-ji.

    Dôgen d'ailleurs commence le Sansuikyo ('le sutra des montagnes et des eaux') en s'appuyant sur une phrase de Fuyo Dokai: "les montagnes bleu sont toujours en marche; une femme de pierre accouche pendant la nuit."

    Quant à l'homme lui-même, on sait qu'il est né en 1043 (sous la dynastie Song), a étudié auprès de magiciens taoïstes dans sa jeunesse, puis s'est tourné vers le Ch'an. Son maître était Toshi Gisei. Fuyo Dokai prit naturellement sa suite. Sa concentration, sa rigueur dans tout ce qui concernait la pratique provoquèrent bientôt l'afflux de nombreux disciples ainsi que des notables de la haute société. Tant et si bien que l'empereur Josho, voulant l'honorer, le fit maître national en lui offrant un kolomo violet. Mais le maître refusa trois fois de suite, provoquant le courroux de l'empereur.

    Fuyo Dokai s'exila donc sur une montagne reculée, au bord du lac Fujung, où il bâtit son dojo. Il se jura alors qu'il ne quitterait plus son monastère sous aucun prétexte et que les revenus du temple devraient suffire à nourrir les moines. Il s'agissait d'établir le salut des temples en restant indépendant de la cour et de ses caprices. Ainsi fit-il, passant le reste de ses jours à pratiquer et à éduquer ses disciples.

    Sa mort survint en 1118: il avait 75 ans. Son successeur se nommait Tanka Shijun et sa lignée allait donner Nyojo, puis Dôgen, Ejo, Keizan Jôkin...Jusqu'à Deshimaru: la grande lignée Sôtô.

    FUYO DOKAIFuyo Dokai est admiré non seulement pour son gyoji, mais surtout parce qu'il a réussi à pratiquer en évitant deux dangers: d'un côté un zen plein de claques, de coups, de koans et de gestes théatraux - le zen rinzaï. De l'autre côté, un zen intellectuel, d'érudit, le zen des cinq go i, cette théorie développée par Sozan, disciple de Tozan. Il est donc véritablement à la source de notre pratique actuelle en tant que moines sôtô zen.

    Maître Deshimaru a dit de Fuyo Dokai:

    "Il représente la perfection fondamentale de Gyoji, sa source et sa réalisation."

    Et Dôgen, des siècles avant, déclarait:

    "Il est la source du zen sôtô, sa racine, son épine dorsale, ses os et sa moelle. Il avait l'esprit du Bouddha et le vrai zen s'est développé et épanoui grâce à lui."

     

     

    Le poème de Fuyo Dokai, "le Sermon de Fuyo Dokai" (traduit par Etienne Zeisler) est d'ores et déjà sur le blog: rubrique Textes et Sutras.

    Le Gion Shogi sera le prochain article du blog! Encore un peu de patience...

     

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