Découverte archéologique sur la naissance du Bouddha

Une mission archéologique financée par le Japon et le Népal vient de découvrir, après trois ans de fouilles, ce qui pourrait être le plus vieux sanctuaire bouddhiste, et le lieu de naissance du Bouddha.

    Un archéologue anglais a retrouvé les traces de ce qui serait le plus vieux sanctuaire bouddhiste au monde. Les fouilles ont révélé une structure en brique jusque là inconnue sous le temple de Maya Devi, à Lumbini (Népal) où l'on honore la mémoire de la mère du Bouddha qui, en route vers le palais de ses parents, aurait accouché là en se tenant à une branche d'arbre. 

Cette structure en brique s'organise autour d'un espace à ciel ouvert.   

Les structures les plus anciennes connues jusque là dataient de l'empereur Ashoka, au 3ème siècle avant J.C. qui avait érigé une colonne (249 av.J.C) sur le lieu de naissance de Gautama Shakyamuni le Bouddha. On peut dire que le site de Lumbini revient de loin, puisqu'il avait été abandonné pendant des siècles et englouti par la jungle. Des archéologues l'avaient redécouvert à la fin du XIX° siècle et authentifié grâce à la colonne de grès dressée par l'empereur Ashoka.

On y trouve aujourd'hui les restes du mur en brique du temple de Maya Devi, des vestiges de viharas (monastères bouddhiques) et de stupas, un bassin nommé "bassin Sakya" et le pilier d'Ashoka, tout cela datant du 3ème siècle av.J.C. pour les parties les plus anciennes.                                                                                             

Un déambulatoire autour d'un espace à ciel ouvert

 Sous cette structure en brique jusqu'alors inconnue, des trous de poteaux en bois ont été découverts. Les trous de poteaux s'organisent eux aussi autour d'un espace ouvert où l'on a retrouvé des racines d'arbre pétrifiées. Selon l'archéologue, Robin Coningham, il s'agit d'une sorte de déambulatoire en bois ou d'une balustrade qui entourait un arbre - l'arbre sous lequel la mère du Bouddha a accouché.

Selon l'archéologue, l'espace central "a toujours été ouvert aux éléments et n'a jamais été fermé par un toit." Le sable et les racines pétrifiées ont été datées au carbone 14 et par luminescence optique (OSL) à 550 av.J.C. Les alentours de l'arbre sont fait d'argile piétiné et lissé par les pas des visiteurs de l'époque. L'ensemble serait un bodhigara, un arbre sanctuaire comme l'arbre de la boddhi à Boddhgaya (Bihar, Inde).

                                                                 Reste de bois exhumé lors des fouilles

Note critique de ZenVQ:

Beaucoup d'archéologues se targuent d'avoir retrouvé le plus ancien machin, le premier bidule...Notamment pour avoir de nouveaux crédits et publier des articles dans des revues internationales. Pour l'instant, on ne peut affirmer qu'il s'agisse bien d'un sanctuaire bouddhique, en dehors de toute preuve tangible (sculpture ou écriture). L'hindouisme connaissait depuis longtemps des arbres sacrés, objets de vénération souvent entourés d'un temple ou de structures comparables à celles retrouvées à Lumbini.

Cependant, ce qui plaide en faveur d'un lieu de culte bouddhique est le fait d'une continuité entre les différentes structures: le temple de brique a été bâti au-dessus du déambulatoire en bois et avec peu ou prou la même organisation spatiale, suivi des autres bâtiments du temps d'Ashoka, au même endroit. L'extension du site et son embellissement est sans doute intervenu au fur et à mesure que le Dharma du Bouddha se propageait. C'est un phénomène qu'on retrouve partout.

Un autre argument est que, selon les archéologue, il n'y a pas de traces de sacrifices, même si l'arbre a été fertilisé. Cette constatation écarterait donc un lieu de culte védique.

Restons cependant prudent, bien des églises en occident sont construites sur des temples païens et en Asie de nombreux lieux de culte ont été récupérés par le bouddhisme. S'il y a continuité spatiale d'un culte, ce n'est pas forcément le même culte qui est rendu là.

On constate néanmoins que les fouilles s'accordent avec la légende de l'accouchement sous un arbre à Lumbini, mais aussi avec les dates traditionnelles de la naissance du Bouddha. Jusqu'ici les dates proposées variaient beaucoup. Pour sa naissance on retient le plus souvent 623 ou 563 av.J.C. et pour sa disparition 543 ou 483 av.J.C. mais des chercheurs ont même soutenu 380 av.J.C. pour sa mort.

Si la découverte se confirme, on tombe ici sur des dates hautes, car qui dit culte suppose que le Bouddha était déjà renommé et révéré. Si le sanctuaire en bois date de 550 av.J.C., sa naissance remonterait donc à 630 av.J.C. Impossible de savoir si le déambulatoire a été mis en place de son vivant ou après sa mort. On sait que le culte des reliques est apparu très rapidement après le paranirvana du Bouddha. En tout état de cause, on n'imagine mal un culte rendu à un arbre du vivant même de Gautama. Celui-ci l'aurait sûrement désapprouvé et les sutras l'auraient consigné.

 Ajoutons pour conclure que la vie du Bouddha est sous le signe de l'arbre: il naît sous un arbre, réalise l'éveil sous un arbre et meurt entre deux arbres.