• GION SHOGI de Fuyo Dokai

    GION SHOGI de Fuyo Dokai"Les phrases du Gion Shogi sont la moelle du zen sôtô. Vous devez les étudier profondément." (Deshimaru). Voici le Gion Shogi, un texte écrit par le grand maître Fuyo Dokai, dont Deshimaru a dit qu'il "représentait la perfection fondamentale de gyoji, sa source et sa réalisation."

     

     

     

     

     

     

    GION SHOGI de Fuyo Dokai  "Les moines doivent haïr l'activité impure de l'esprit (les bonnos), être au-delà de la vie et de la mort, arrêter le mental conscient et rejeter les relations compliquées. Aussi, les moines sont-ils appelé shukke, "hors de la demeure".

    Ne faites pas sombrer votre vie normale par recherche de profits personnels ou par souci de votre propre santé. Je vous en prie, rejetez les deux têtes, et également celle du milieu. Même si vous rencontrez la voix ou la couleur, vous devez agir comme si vous plantiez des fleurs sur la pierre. Même si vous voyez poindre les profits et les honneurs, vous devez agir comme si vous chassiez la poussière de vos yeux. 

    Depuis les débuts préhistoriques de l'histoire humaine, nous avons continué d'entretenir une mauvaise transmigration. Bien sûr, nous comprenons ce qui est bien ou mal, mais nous agissons comme si nous mettions la queue à la place de la tête. C'est la raison pour laquelle nous souffrons et nous languissons à travers nos désirs. Si nous n'y mettons pas fin ici et maintenant, lorsque nous pouvons les arrêter, si nous ne pratiquons pas ici et maintenant, quand donc pourrons nous pratiquer le vrai gyoji?

     Un grand nombre de patriarches ont enseigné que nous devions en terminer avec nos bonnos d'ici et maintenant. ici et maintenant, nous devons rejeter toute la sombre réalité. Si nous pouvons devenir paisible en notre esprit, nous n'avons besoin ni de Bouddha ni des patriarches. Toute la matière du vulgaire et du social peut devenir froide et simple naturellement, automatiquement, et il devient alors possible de s'harmoniser avec la Voie fondamentale, avec le vrai Dharma. Je vous en prie, considérez l'histoire du zen:

    Onzan ne rencontra plus jamais personne après qu'il fut entré dans la montagne Ryuzan1; Joshu2 ne demanda plus rien à quiconque jusqu'à sa mort; Hentan se nourrissait chaque jour de fruits des arbres et de marrons3; Shi E, l'homme de la Voie, ne s'habillait que de vêtements de papier qui se déchiraient à chaque sampaï; Genta Joza ne recouvrait son corps que d'une pièce de tissu; Sekiso avait passé toute sa vie dans le hall d'arbres secs [dans le dojo] avec ses disciples4. Il était déjà mort alors que son corps était en vie ainsi que son esprit; Tosu mendiait le riz, le faisait cuire et le mangeait avec ses disciples.

    GION SHOGI de Fuyo DokaiVous devez réfléchir à l'histoire de ces sept patriarches. De toute façon, ils sont de bons exemples de par la conduite de leur vie. S'ils n'étaient pas de bons exemples, nous ne pourrions les accepter, mais nous sommes heureux d'apprendre chaque bon exemple de leur part. S'il vous plaît, si vous pratiquez leur grand gyoji avec votre corps, vous pourrez devenir "la personne de la véritable Voie". 

    Ce gyoji est à lui seul suffisant pour chercher la Voie. pour la Voie, il suffit de pratiquer gyoji. Si vous n'acceptez pas cela, vous perdrez alors vraiment votre temps, pour l'éternité. 

    Moi, Fuyo Dokai, je suis un moine sauvage. Je le regrette, mon gyoji n'est pas parfait. Aussi ai-je peur de perdre le saint fuse de cette sangha et je regrette l'enseignement transmis par un grand nombres de patriarches anciens. Mais maintenant je veux apprendre profondément l'exemple du gyoji pratiqué par ces patriarches. Aussi, consultant mes disciples, en accord avec eux, je ne redescendrai plus jamais de cette montagne. Je ne veux plus être invité. Je ne dégusterai plus jamais les délicieux dîners auxquels j'étais convié et je n'enverrai plus le responsable du takuhatsu [de l'aumône]. Le revenu d'une année de cette sangha, je veux le diviser en 365 parts et chaque jour j'utiliserai une de ces parts. Et je n'ajouterai et ne diminuerai rien, que le nombre de disciples augmente ou diminue. S'il m'est possible de faire cuire du riz comme aliment, je veux faire cuire du riz. Mais s'il n'y a pas assez pour le cuisiner sous forme de riz, je le ferai cuire sous forme de gen-maï [soupe de riz]. S'il n'y en a pas assez pour faire une gen-maï, je le ferai sous forme d'eau de riz chaude [beito]. Et s'il n'y en pas pas encore assez, je ferai simplement du thé pour les visiteurs, ou ne donnerai rien. Ainsi préparerai-je seulement une bouilloire dans la salle de thé pour boire librement. Autant que possible, en effet, je veux éviter les relations inutiles et pratiquer le vrai gyoji.

    GION SHOGI de Fuyo DokaiQui plus est, ici, dans cette sangha, il y a une vie très active. Par exemple, le paysage n'est pas si mal. Les fleurs sourient, les oiseaux chantent. Les chevaux de bois pleurent pour l'éternité, les vaches de pierre courent très bien. La couleur de la montagne bleue sortant du ciel n'est pas tellement compliquée et le son des fontaines chantantes n'est pas bruyant du tout. Du haut de la montagne, singes et grenouilles s'interpellent, la lune de minuit est baignée de rosée. Les oiseaux blancs chantent dans la forêt, le vent s'enroule autour des pins, brisant l'aube. Quand s'élève le vent de printemps, l'arbre mort chante comme le dragon. En automne, les feuilles meurent et les feuilles fanent dans la forêt froide. Sur les marches de pierre précieuse se brodent les badges de la fraîche mousse verte et les visages prennent la teinte de la brume gazeuse. 

    Dans la séparation d'avec la poussière du social, aucun son bruyant ne s'élève, il ne règne qu'une totale tranquillité. Il n'y a plus qu'à se laisser pénétrer par le goût simple de la Voie, libéré des couleurs et des sons compliqués de la vie banale.

    Moi, moine sauvage, je déclare maintenant que cela est la véritable saveur de la famille du Zen Sôtô. Il n'est pas nécessaire que je m'étende sur davantage de détails quant à la saveur de notre famille zen. 

    Pourquoi êtes-vous entré dans le dojo du maître? Pourquoi avez-vous fait résonner les claquettes et pris en main le hossu, son sceptre? Et pourquoi criez-vous d'une voix forte vers l'Est? Pourquoi frappez-vous avec le kyosaku vers l'Ouest? Pourquoi soulevez-vous vos sourcils et montrez-vous de la colère dans vos yeux? Pourquoi êtes-vous devenu comme un épileptique? Pourquoi ne faites-vous que crier et frapper les joza [amis condisciples]? Et non seulement vous frappez les joza, mais vous vous moquez des anciens patriarches5. S'il vous plaît, ne regardez pas Boddhidharma qui vint en Chine.

    Pourquoi vint-il dans le temple de Shôrin-ji [Shaolin], sur le mont Shôrin et fit-il zazen face au mur durant neuf années? Le deuxième patriarche Eka vint à l'endroit où se trouvait Boddhidharma et se tint debout dans la neige profonde, puis se coupa le bras gauche. Boddhidharma ne dit pas un mot et Eka ne lui posa pas tellement de questions, mais ils se comprirent d'esprit à esprit, complétement. Il fut appelé Boddhidharma comme étant Boddhidharma. Il ne pratiquait pas toutes ces choses pour les autres. Il ne les pratiquait pas pour son propre égoïsme. 

    GION SHOGI de Fuyo DokaiEt le deuxième, Eka, ne posa pas beaucoup de questions. Quand nous disons que Boddhidharma ne pratiquait pas pour les autres, nous voulons dire qu'il ne le faisait en fait que pour les autres. Quand à Eka, également, on ne peut pas dire qu'il ne cherchait pas un maître. 

    Moi, moine sauvage, Fuyo Dokai, quand je parle des anciens patriarches, je sens que je ne peux pas accepter mon propre corps sur cette terre. J'ai honte et j'ai peur que les descendants soient trop mous et trop faibles. Même s'il existe un dîner aux cent saveurs, il ne peut devenir une offrande, notre kuyo, notre action de grâce.

    J'ai parfaitement les quatre éléments, mais je crains, avec les actions de mes mains et de mes pieds, de ne pouvoir arriver à l'essence fondamentale du Zen, de ne faire que m'échapper de la vie et fuir seulement le monde. Le temps file comme une flèche. Alors, je vous en prie, vous devez regretter le temps passé. 

     

                         De toute façon, je ne peux vous éduquer car vous devez en définitive comprendre par vous-même."

     

    Traduction de maître Deshimaru, tirée du volume "Gyoji" de ses kusen, édition AZI. Le Gion Shogi a été traduit, lu et commenté par maître Deshimaru en kusen, dans le dojo, à la fin du camp d'été 1980.

     

     

                                                                                                                                                                              GION SHOGI de Fuyo Dokai

     

    Onzan, moine ermite connu pour ce mondo: Un jour Tozan alla dans la montagne avec un ami. Dans le courant d'une rivière, il vit de petits bouts de légumes. Il se dit qu'un homme devait vivre plus haut dans la montagne. Il la gravit, trouva un petit sentier et rencontra un homme aux longs cheveux: Onzan. Depuis combien de temps vivez-vous ici? Demanda Tozan. - J'ai oublié, répondit Onzan. Lorsque les feuilles reverdissent, le printemps vient. Lorsqu'elles jaunissent et tombent, l'hiver arrive.  - Pourquoi vivez-vous dans cette montagne depuis si longtemps? - Deux vaches boueuses se combattaient, puis elles sont entrées dans la mer, directement. Puis, aujourd'hui, plus rien du tout."

    2 Maître Joshu était un disciple de Nansen. Son dojo était très pauvre, on n'y mangeait que des légumes crus et des fruits. Il n'y avait pas de tenzo. Lorsque sa chaise se cassa, il refusa de la réparer.

    Disciple d'Eno, 

    Sekiso, 807-888. Il est connu pour ne s'être jamais allongé pour dormir. Son dojo était surnommé "la salle des arbres morts". Héritier du dharma de Yakusan

     5 Ce paragraphe est une critique du rinzaï et de ses procédés particuliers devenus systématiques à l'époque de Fuyo Dokai.

     

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