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ISAN, le visage avant la naissance
Quelques mots sur ce maître, disciple de Hyakujo, de la lignée de Baso, bien connu des pratiquants par plusieurs histoires, notamment celle de son éveil. C'est son disciple, Kyogen, qui réalisa l'éveil en envoyant taper, par hasard, un caillou contre un bambou.
Isan, Kuei shan de son nom chinois, est né en 771. Il fut d'abord ordonné par un maître Vinaya1 puis suivit Hyakujo à partir de ses 23 ans. Nous sommes donc ici dans la lignée de Baso.
Alors qu'il était tenzo dans le temple de son maître, il fut chargé d'établir un nouveau monastère et partit vivre sur le mont Taï. S'y étant construit une petite hutte de branchages et de paille, il y vécut en ermite plusieurs années puis, peu à peu, de très nombreux disciples se groupèrent autour de lui. C'est avec son disciple Kyosan le fondateur de l'école Igyo, l'une des Cinq Maisons du zen qui s'éteignit quelques générations plus tard, quand bien même Isan avait certifié 41 disciples.
Isan meurt en zazen, un sourire aux lèvres, à l'âge de 82 ans. Nous sommes en 853.
Plusieurs histoires ont assuré sa postérité dans le zen.
Un coup de pied dans une cruche
Hyakujo cherchait un responsable pour le nouveau monastère qu'il s'apprêtait à ouvrir sur le mont Tai-i. Il fit défiler devant lui ses disciples en leur demandant de tousser. Quand Isan, alors tenzo, marcha et toussa devant lui, Hyakujo fut aussitôt impressionné et se décida pour lui. Mais le shusso contesta cette décision et réclama une nouvelle épreuve. Hyakujo montra une cruche et s'écria:
"Cette cruche ne s'appelle pas une cruche. quel est son nom?
- On ne peut tout de même pas l'appeler un bout de bois! S'exclama le shusso.
- Et toi, qu'en dis-tu? Demanda alors Hyakujo à Isan.
Ce dernier pour toute réponse balança un coup de pied dans la cruche et quitta la pièce, ce qui confirma la défaite du shusso.
Isan est aussi connu par l'histoire de son éveil. Un jour qu'il était en cuisine, son maître lui demanda de ranimer le feu. Isan lui dit:
"Il n'y a plus de braises."
Hyakujo se pencha alors et trifouilla un moment les cendres avec sa sandale. Il finit par en retirer une petite braise.
- Et celle-ci, lui dit-il en la lui tendant, est-ce qu'elle ne brûle pas?"
Le bruit du caillou contre le bambou
Il est aussi connu à cause d'un de ses disciples, Kyogen, qui s'éveilla en envoyant taper un petit caillou contre un bambou, tandis qu'il balayait les abords de son petit ermitage. L'histoire mérite d'être rapportée depuis le début.
Kyogen était érudit, intelligent et malin mais n'avait pas réalisé la voie. Quand son maître, Hyakujo, mourut, il suivit alors Isan. Un jour celui-ci lui dit:
"On m'a raconté que quand tu étais auprès de Hyakujo tu pouvais donner dix réponses à chaque question. Cela prouve ta grande agilité d'esprit et ton intelligence, mais ces qualités te permettront-elles de résoudre la grande question de la vie et de la mort?... Peux-tu me dire quel était ton visage avant ta naissance?"
Kyogen, pantois, déconfit, chercha désespérément la réponse dans ses livres mais il eut beau scruter les soutras, il ne trouva pas. Il revint devant Isan et le supplia de lui donner la réponse.
"Si je te l'expliquais avec des mots, tu m'en ferais le reproche plus tard. Et de toute façon, quoi que je puisse dire, cela continuera à m'appartenir et te restera à jamais étranger."
Le tourment, le désespoir de Kyogen n'eurent alors plus de limite. Il rassembla tous ses livres et les brûla, puis quitta le temple et se réfugia dans un petit ermitage, persuadé qu'il ne trouverait jamais la réponse à ce koan. Il resta ainsi dans la solitude jusqu'à ce jour où, balayant autour de sa hutte, un petit caillou voltigea et vint taper contre un bambou, ce qui produisit un bruit singulier.
Il brûla un bâton d'encens, se prosterna en direction de son maître et l'on rapporte qu'il déclara ceci:
"Maître, votre bonté est infiniment plus grande que celle de mes parents. Si vous m'aviez alors révélé ce secret, jamais je n'aurais connu cette joie immense."
Avant sa mort, Isan dit: "Lorsque je serai mort, je serai une vache devant la porte du dojo." Ce koan est devenu proverbial au Japon. A propos d'Isan, Dôgen a écrit: "Par le pouvoir de sa Voie, le monde entier, le cosmos entier ne peut être cassé. (...) Un gyoji semblable à celui d'isan n'a pas pu être perpétué. C'est très pitoyable. Dans le dojo d'Isan, Gyosan (un de ses grands disciples) regarda la vache pendant trois ans."
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I I I
Seigen (660-740) Yoka Daishi ♦ SHODOKA Nangaku (677-744)
VIII° siècle I I
Sekito (700-790) __________Baso____
I I I
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ____Yakusan (745-828)___ _____ Hyakujo__________ Nansen
IX° siècle I I I I
Ungan Donjo Tokujo Obaku _____ ISAN_____ (771-853)
I I I I
Tozan: école Sôtô Rinzaï Kyogen Kyozan
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1 C'est à dire du bouddhisme hinayana chinois dans la lignée de l'école des Sarvastivadin qui fut combattue par l'empereur Ashoka au III° siècle avant J.C. et se répandit au Cachemire et sans doute de là vers la Chine. Voir l'article "De Ananda à Ashoka", dans la rubrique "Bouddhisme ancien". En chine, cette école bouddhique fut florissante du VI° au X° siècle puis déclina.
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